Animé par Murielle, ces ateliers ont lieu une fois par mois. Le thème est choisi avec le concours des usagers. Les recettes sont variées et adaptées, tant en matière de technique, de temps de réalisation et de qualité nutritive.
UN OUTIL D’EMANCIPATION ET D’INSERTION
Le « Renforcement du pouvoir d’agir », un accompagnement visant l’émancipation des personnes accueillies par l’ALIS Trait d’Union.
UNE EXPERIENCE CONCRETE D’INSERTION ET DE VALORISATION
Depuis plusieurs années, les ateliers Cuisine du monde sont organisés régulièrement dans les locaux du Centre d’Hébergement d’Urgence et de Stabilisation, en partenariat avec les autres services de l’ALIS Trait d’Union[1] et participant·es volontaires. Ce projet s’est construit progressivement, à partir d’une idée simple : utiliser la cuisine comme un prétexte mobilisateur, un support de rencontre, mais aussi un outil structurant dans un parcours d’émancipation
SENSIBILISATION A L’ECONOMIE DU QUOTIDIEN
L’utilisation de produits de saison, de fruits et légumes déclassés ou issus de circuits de récupération solidaire (GMS ; dons) permet de montrer concrètement comment bien manger sans dépenser beaucoup. Cela répond à un besoin concret des personnes : mieux gérer un budget alimentation, souvent contraint.
Apprendre à cuisiner avec ce qu’on a, à transformer des produits bruts, à conserver, à réutiliser les restes : autant de gestes qui réduisent le gaspillage et favorisent l’autonomie alimentaire.
Ce savoir-faire permet de reprendre la main sur sa consommation, de faire des choix éclairés.
Beaucoup de cuisines du monde reposent justement sur des logiques d’optimisation des ressources alimentaires (bouillons, soupes, plats mijotés, fermentation, etc.). Cela permet de valoriser des pratiques traditionnelles intelligentes et économiques, parfois oubliées, tout en les rendant visibles et estimées.
UNE DYNAMIQUE COLLECTIVE ET INCLUSIVE
Dès le départ, ces ateliers ont été pensés comme des espaces participatifs : ce sont les participant·es qui proposent les recettes, partagent leurs savoir-faire, organisent les courses et animent parfois eux-mêmes l’atelier. Dans tous les cas, ce sont les identités, les récits et les histoires qui cuisinent ensemble.
UNE RECONNAISSANCE DES SAVOIRS SOUVENT INVISIBLES
Dans ces moments, on ne parle plus uniquement de besoins ou de manques. On valorise ce que chacun sait faire, souvent appris en dehors des cadres formels : préparer un plat familial, organiser une table conviviale, transmettre une astuce de cuisine… Cela redonne confiance et dignité aux personnes qui, pour certaines, n’ont plus entendu de paroles valorisantes depuis longtemps.
UN ESPACE DE LIEN SOCIAL ET DE REMOBILISATION
Le format de ces ateliers – souple, informel mais cadré – permet à des personnes très éloignées de toute activité de reprendre goût au collectif. On vient pour cuisiner, mais on revient pour l’ambiance, les échanges, les rires, la dégustation commune. Des liens naissent. Des coopérations spontanées se forment. L’isolement recule, la parole circule.
UN TERRAIN D’EXPERIMENTATION CONCRET
Au fil du temps, les ateliers ont aussi permis de travailler des compétences transférables de manière informelle mais efficace :
- Planification et organisation (préparer un menu, faire les courses dans un budget contraint),
- Hygiène alimentaire, gestion du temps, adaptation aux imprévus,
- Expression orale (présenter une recette, raconter son histoire),
- Posture d’animation (accueillir un groupe, répartir les tâches).
UNE ARTICULATION AVEC D’AUTRES DIMENSIONS DE L’ACCOMPAGNEMENT
Les ateliers sont régulièrement intégrés à des parcours d’insertion ou d’accompagnement global :
- En lien avec les actions de santé pour travailler sur l’équilibre alimentaire,
- Avec le service d’accompagnement dans et vers le logement pour développer l’autonomie domestique.
Ils servent aussi parfois de cadre d’évaluation douce par l’observation du travailleur social partagées formellement en réunion d’équipe et de manière informelle lors de temps de rencontre entre professionnels : comment une personne se positionne-t-elle dans un groupe ? Quelle autonomie dans les tâches ? Quelle posture dans un rôle d’animateur ou de référent recette ?
UNE DEMARCHE DURABLE, QUI EVOLUE AVEC LES PARTICIPANT·ES
Aujourd’hui, cet atelier est devenu une référence dans nos pratiques d’accompagnement. Nous le faisons évoluer au fil des retours des participants·es : certains groupes ont proposé d’organiser une « semaine des cuisines du monde », d’autres d’imprimer un livret de recettes partagé ou de tenir un stand lors d’un forum associatif. Ces propositions sont autant d’indicateurs de prise d’initiative, d’estime retrouvée et de citoyenneté active.
CONCLUSION
Au fil des années, les ateliers Cuisine du monde se sont révélés être bien plus que de simples moments conviviaux. Ils sont devenus un outil transversal, concret et puissant pour :
- Reconnaître les ressources des personnes en situation de précarité,
- Renforcer les dynamiques collectives et les parcours d’insertion,
- Et surtout, redonner à chacun·e une place active, reconnue, légitime.
[1] CHRS insertion et CHRS Urgence – ASL -AVDL et FNAVDL

